Lorsque l’on décide de s’engager pour une cause, le rendez-vous est donné à plusieurs niveaux : local, national et international et tous les niveaux sont à prendre en compte pour amorcer un réel changement. Niveau local, cela passe notamment par les petits gestes quotidiens engagés, qui changent la donne une fois réalisés en masse. À l’échelle nationale et internationale, les choses se compliquent, mais l’engagement ne devient pas impossible pour autant. Une forme d’activisme, fonctionnant également sur le principe de masse, englobe les trois niveaux : l’engagement citoyen, ou l’utilisation de la démocratie pour changer les choses. En allant voter par exemple, mais aussi en signant des pétitions. Deux petits gestes très simples et complémentaires, permettant de changer les choses à grande échelle. Qui dit mieux ?
Est-ce-que ça sert vraiment à quelque chose de signer une pétition ?
Les pétitions sont donc un outil plus puissant qu’on ne le croit pour mobiliser et provoquer des changements sociaux et politiques. Qu’il s’agisse de sensibiliser l’opinion publique, d’influencer les décideurs ou de demander aux dirigeants de rendre des comptes : les pétitions jouent un rôle important dans la formation de l’opinion publique et la prise de mesures sur des sujets importants. Alors la question « est vite répondue » : oui, signer une pétition est utile et même nécessaire.
La preuve 👇
🇫🇷 En 2018, la pétition Change.org demandant l’instauration d’un âge minimum de consentement sexuel en France a recueilli plus de 250 000 signatures. Cela a donc permis d’appuyer une nouvelle loi fixant l’âge du consentement sexuel à 15 ans.
🇫🇷 En 2018, l’affaire du siècle a réussi à réunir plus de 1,6 million de signatures (et maintenant plus de 2,3 millions) en faveur d’un recours contre l’inaction climatique de l’État français. En 2021, cette pétition a permis de condamner l’état pour inaction climatique, c’est une décision de justice historique.
🇫🇷 En 2018, des collectifs dénoncent l’exploitation d’une mine d’or dans une nature jusque-là préservée en Guyane. Elle recueillera près de 600 000 signatures en France. En 2019, à l’issue du premier Conseil de défense écologique puis à l’Assemblée Nationale, François de Rugy, ministre en charge de l’Écologie, annonçait l’abandon du projet en raison de son incompatibilité avec les exigences environnementales du gouvernement.
🇫🇷 En 2019, plusieurs pétitions, dont celle de NousToutes.org demandant la fin des violences domestiques à l’encontre des femmes, a recueilli plus de 600 000 signatures. En conséquence, le gouvernement français a introduit une série de mesures pour lutter contre la violence domestique, notamment la création d’une nouvelle infraction pour la violence psychologique et l’augmentation du financement des services de soutien. Aujourd’hui tout le monde sait ce qu’est un féminicide.
🇪🇺 🌏 En 2020, un député encore peu connu R.Gluscksmann lance son combat « perdu d’avance » pour les Ouïghours et contre la Chine, avec une pétition de près de 300 000 signataires. En 2021 : Amnesty International lance un appel à l’ONU après avoir recueilli 323 832 signatures dans 184 pays. En 2022 :Le Parlement européen adopte une résolution condamnant les crimes contre l’humanité commis contre les Ouïghours en Chine et demande l’interdiction de l’importation de produits fabriqués par le travail forcé. Pour la première fois, l’ONU évoque de possibles « crimes contre l’humanité » en Chine. Et appelle la communauté internationale à agir. C’est fou.
À partir de combien de signatures une pétition devient utile ?
Bien-sûr, les pétitions à elles seules ne fonctionneraient pas si elles n’étaient pas appuyées par les actions de lobbying et juridiques des différents collectifs et des associations. MAIS cela permet de leur donner un poids conséquent. Sans ces pétitions, sans NOUS, elles n’auraient pas autant d’impact sur les politiques. C’est bel et bien à cette échelle que tout se joue. Toute pétition à caractère économique, social ou environnemental regroupant plus de 150 000 signatures peut être reçue par le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE). Si cette institution considère la pétition comme recevable, elle a six mois proposer son avis et le faire connaître au gouvernement et au Parlement. Mieux encore le CESE a labellisé trois plateformes de pétitions en ligne : Avaaz, Change.org et mesopinions.com et assure une veille des pétitions les plus en vogue.
À quoi sert à quoi une pétition ?
- Sensibiliser : Les pétitions peuvent contribuer à sensibiliser aux questions importantes et à les porter à l’attention du public et des décideurs.
- Créer un élan : Les pétitions peuvent contribuer à créer un élan et un sentiment d’urgence autour d’une question, ce qui peut être important pour mobiliser les gens et favoriser le changement.
- Responsabiliser les dirigeants : Les pétitions peuvent responsabiliser les dirigeants en rendant publique leur position sur certaines questions et en faisant pression sur eux pour qu’ils prennent des mesures ou expliquent leur position.
- Fournir une plateforme pour faire entendre les voix des plus silencieuses : Les pétitions peuvent fournir une plateforme permettant aux gens d’exprimer leurs opinions et leurs préoccupations sur des causes qui ne sont pas mises en lumière sur les médias mainstream (la cause des Ouïghours par exemple).
- Lancer des conversations : Les pétitions peuvent lancer des conversations et des débats sur des questions importantes, ce qui peut s’avérer important pour sensibiliser le public et obtenir un soutien au fil du temps.
En conclusion, si les pétitions n’aboutissent pas toujours à des changements immédiats ou tangibles, elles constituent néanmoins un outil précieux pour le plaidoyer et le militantisme. En sensibilisant l’opinion publique, en créant un élan, en responsabilisant les dirigeants, en offrant une plateforme pour que les voix soient entendues et en lançant des conversations, les pétitions jouent un rôle important dans le changement social et politique.